Les conséquence d’un défaut d’estime de soi

« Toute pathologie est une problématique relationnelle ».

Les conséquences d’un défaut d’estime de soi revêtent un champs infini, puisque quasiment liées à chaque cas particulier, autant de facteurs qui vont avoir un impact sur le développement à travers les fixations et des régressions.

Lorsque les fixations et régressions sont à l’œuvre, cela signifie qu’il y a eu un traumatisme. Cela ne signifie pas forcément un événement dramatique mais cela indique que l’événement a eu une valeur traumatique pour le sujet, au regard de la souffrance générée qui est bien réelle et de l’angoisse qui en découle.

On retrouve toujours le même mécanisme de départ : traumatisme subi ou perçu + angoisse + culpabilité qui sont les prémisses chez l’enfant de la future névrose et les constantes de la dépression. Cette dernière est intrinsèquement liée à un défaut d’estime de soi qui va induire un phénomène d’autodévalorisation.

Comme nous le savons, toute production psychique est un mécanisme de défense contre l’angoisse, c’est le cas des fixations. C’est le niveau « pathologique » (qui se distingue du niveau basique nécessaire pour stimuler le développement libidinal) qui sera destructeur.

La pulsion de vie pousse le sujet à la recherche permanente du stade contenu/contenant, donc du Moi Idéal. Elle oscille entre projection et introjection et va aboutir à la frustration et même à la castration.

Le sujet, pour s’en défendre aura recours à des mécanismes de défense, la névrose pour l’introjection et la psychose, pour la projection, comme dans le cas, pour cette dernière, notamment, de la paranoïa. Le névrosé reste dans l’illusion permanente que l’autre peut combler son manque tandis que dans la psychose, le sujet rejette perpétuellement le complément que l’autre pourrait lui apporter.

Dans la névrose pathologique, les mécanismes de défense ne parviennent pas à compenser ce qui a été vécu comme négatif et empêchent l’individu de parvenir à la génitalité. Comme nous l’avons vu, l’enfant va s’attribuer la responsabilité de ce qu’il a vécu, le Surmoi culpabilisant le poussant a porter un regard négatif. Ce phénomène, vraisemblablement amplifié par une faible estime de soi, pourra parfois amener le patient a avoir un comportement autopunitif et à des échecs à répétition, comme autant de répliques des traumatismes du passé.

Effacement de soi, auto-sabotage, dépression, Troubles du Comportement Alimentaire, troubles oppositionnels du comportement, timidité et phobie sociale etc. sont autant de troubles liés à une faille narcissique où le manque d’estime de soi est fortement impliqué, mettant parfois en péril l’identité.

Des travaux psychanalytiques démontrent, en effet, l’importance de la problématique narcissique « impuissance/toute-puissance » dans les conduites antisociales, violentes et destructrices, ainsi qu’un déséquilibre des investissements objectals narcissiques au profit d’un investissement narcissique pathologique. Cela va se traduire par des troubles précoces des relations interpersonnelles.

Le travail du thérapeute sera, à la fois, un travail sur sa propre structure psychique mais également un travail sur et avec l’environnement familial et social pour lui permettre de modifier ses propres investissements narcissiques, dans un sens plus constructif, plus positif.

Des études sur les phénomènes d’effacement de soi démontrent qu’ils se manifestent par différentes formes d’inhibition, de troubles de l’estime de soi, du sentiment de soi frôlant l’autodisparition du moi. Ces études démontrent également que les patients qui présentent ces symptômes avaient subi dans leur petite enfance, des séparations plus ou moins longues avec leurs parents, vécues comme traumatiques ou bien que la mère n’avait pas été disponible psychiquement, pendant certaines périodes, en raison d’une dépression et de troubles narcissiques notamment. Les enfants concernés avaient l’impression de ne pas exister, de n’être personne. Les sujets n’avaient pas pu établir un objet interne stable et des représentants de soi constants. Selon Green en 2002, « dans leur organisation défensive, prédominaient des mécanismes de déni, de clivage et de désinvestissement s’exprimant par un sentiment d’autodisparition du moi».

On peut donc en conclure que le défaut d’estime de soi, dans ces cas d’inhibition de la personnalité, sont bien l’expression d’un trouble narcissique, c’est à dire de l’investissement libidinal du moi, du rapport cognitif et émotionnel à soi-même et à ses idéaux. Freud associe deux causes à ces troubles narcissiques s’exprimant par l’effacement de soi. Il s’agirait d’une restriction du moi qui renonce à l’exercice de ses fonctions pour éviter les conflits avec le Ça ou le Surmoi. Les restriction du moi pourraient également provenir d’un mécanisme d’appauvrissement énergétique notamment lorsque survient un deuil, par une répression des affects.

Avec l’apparition du surmoi, nous entamons une quête sans fin vers un idéal du moi. Freud a mis en évidence le rôle de la répression des affects dans la pression exercée par le surmoi sur le moi. Chez l’enfant, si les parents deviennent une autorité trop sévère, la sévérité du surmoi pourra s’en trouver exacerbée, par identification. Un écart trop important entre le moi et l’idéal du moi sera pourvoyeur de névrose pathologique et même de dépression. Le sentiment de culpabilité, le blâme, l’humiliation, par exemple en cas d’échec, vont provoquer un sentiment de dévalorisation et de diminution d’estime de soi qui entraîneront à leur tour, dans un cercle vicieux, la névrose et la dépression.

Par ailleurs, le sujet tente d’adopter une attitude sociale policée, correspondant à ce qu’il pense qu’on attend de lui. Lorsqu’il est en bonne santé psychique, il aura la capacité à vivre en société, en trouvant l’équilibre entre le moi individuel et le moi groupal. Lorsqu’il y a pathologie, le faux-self est établit comme réel, la détresse de l’individu est réelle malgré toutes les artifices pour la dissimuler. Tous ses efforts visant à plaire à tout prix ne vont aboutir qu’à un sentiment d’inutilité, d’infériorité et de dévalorisation donc de perte d’estime de soi qui pourront le pousser à la dépression et même à de l’autodestruction.

L’enfant va avoir la sensation de ne pas être suffisamment aimé, donc de ne pas « être aimable », caractéristiques d’une faible estime de soi qui va se manifester par la crainte du regard de l’autre.

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